Revue de presse

Chorégies d'Orange

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La Provence

Ici, réécriture ne veut pas dire trahison de l’oeuvre.
L’action se déroule, certes, autour des années 70, en pleine époque de la libération des femmes, dans un bar américain. Giannetta en est la tenancière, on y boit de la bière, on y mange des hot dogs, parfois s’en échappent des effluves de cannabis, le sergent Belcore est appelé à rejoindre son régiment en guerre au Vietnam, le
charlatan Dulcamara qui propose ses breuvages à bord
d’un triporteur est un adepte du « Peace and love », l’élixir
d’amour prend la forme d’un cachet à dissoudre dans du coca…. Mais l’histoire d’amour entre Adina et Némorino est intacte et Donizetti parfaite
ment respecté. Une fois planté le décor, l’air  » Quanto è bella, quanto è cara” lancé par Mat
thieu Justine nous ramène à l’oeuvre originelle et il en sera ainsi jusqu’au dénouement.
Les airs de l’opéra chantés en italien alternent avec de savoureux dialogues exprimés en français. Ainsi, les spectateurs qui ne fréquentent pas assidûment Donizetti ne perdent rien de l’action. L’un des credo de Jean-Louis Grinda, est de montrer que l’opéra n’est
pas réservé à une élite, qu’on peut, mélomane averti ou pas, y prendre un immense plaisir.
Objectif atteint! Les longues ovations qui ont salué artistes et réalisateurs en témoignent.

M.S (Juillet 2021)

L’ÉLIXIR D’AMOUR : BEAU COMME UN CAMION. CHORÉGIES D’ORANGE EN ITINÉRANCE

…Pour l’Elixir d’amour, Adriano Sinivia et son adaptateur Arnaud Pontois-Blachère ont donc, tout en gardant les grandes lignes de l’intrigue du livret original de Felice Romani, écrit un synopsis qui place l’histoire dans les années 1970 aux États-Unis en plein mouvement hippie (cheveux longs, jeans, chemises à fleurs) qui n’aura sans doute pas échappé à ceux qui ont parfaitement connu cette époque. Les deux héroïnes féminines sont censées se livrer à un « road-movie » le long des routes de l’Amérique en ouvrant, au fil des étapes, leur bar bariolé et fluorescent aux tentures disparates et multicolores, entièrement équipé avec comptoir, frigo, canapé, tonneau, télévision, piano et autres instruments de musique comme guitare, saxo et percussions. C’est miracle de voir dans l’espace aussi restreint que celui d’un camion un décor (signé Enzo Iorio) aussi riche dans sa la profusion d’autant d’accessoires accumulés (le tout parfaitement mis en valeur par les lumières de Baptiste Longuet)

Les dialogues en français, qui remplacent de fait les récitatifs chantés, sont retravaillés et remis au goût du jour dans un langage « moderne » susceptible de capter l’attention d’un public plus jeune. La fusion avec les numéros musicaux chantés en italien est parfaitement réussie de telle sorte qu’il n’est même pas utile, pour qui que ce soit, d’avoir lu au préalable l’argument. On le répète ici c’est un processus pédagogique astucieux qui fonctionne à merveille pour rendre l’opéra accessible au plus grand nombre et y amener de nouveaux adeptes ce dont on ne peut que se réjouir.

Bien sûr, dans le contexte énoncé, cet Elixir d’amour ne peut être représenté que dans le large espace d’une place publique ce qui contraint nécessairement à sonoriser les chanteurs à la manière d’une comédie musicale. Cela peut au prime abord paraître surprenant pour les oreilles d’un mélomane puriste habitué à une toute autre acoustique. On s’y accoutume assez rapidement tant le dynamisme et la bonne humeur de la représentation finit par s’imposer d’autant que la mise en scène décapante et rythmée d’Adriano Sinivia emporte l’adhésion.

Christian Jarniat (Juillet 2021)

Chorégies: Un succès mérité pour « l’opéra de quatre roues »

… Tout dans la mise en scène d’Adriano Sinivia (…) rappelle le 7ème art. C’est « American Graffiti » qui rencontre l’opéra. Un mariage qui devrait réconcilier puristes et néophytes. Chacun y trouve son compte.

Pascal Turc (Juillet 2021)

… Une fois ouvert, le camion laisse découvrir un bar aux couleurs chatoyantes. Adriano Sinivia, metteur en scène de cette adaptation de « L’Elixir d’amour » de Donizetti, propose encore une fois, un décor digne d’un plateau de cinéma. Et il suffit de voir arriver les deux sopranos Amélie Robins et Clara Guillon pour remonter le temps, direction les années 70, aux Etats-Unis. Un voyage confirmé quand débarquent les babas cool, Matthieu Justine et Fabrice Alibert, accompagnés du militaire tout de blanc vêtu, Florent Karrer.  La guerre du Vietnam est dans toutes les têtes, le mouvement hippies en plein essor, bienvenue dans les 70’s.

Un choix plus que judicieux de la part du metteur en scène et de son acolyte Arnaud Pontois, en charge de l’adaptation du livret. La formule des Chorégies est pensée pour un public très large, pas question d’exclure en présentant une œuvre difficile d’accès. Le jeu des artistes et leur énergie font oublier l’absence de surtitrage pour cet opéra. Et l’ajout des saynètes en français emportent définitivement le public.

(…) Avec un soupçon de poésie imaginée par Adriano Sinivia, notamment lors du solo d’un Nemorino campé par le ténor Matthieu Justine, le public finit conquis.

 

C.V (Juillet 2021)